L’IA : Une 4e révolution industrielle qui rebat les cartes du travail et de l’éducation

J’ai découvert l’intelligence artificielle en 1988 à l’École de technologie supérieure (ÉTS) dans un cours sur ses applications industrielles pendant mon baccalauréat en génie de la production automatisée. En début de carrière en 1990, j’ai conçu un réseau de neurones pour piloter un procédé industriel, puis un système expert pour formaliser les savoirs d’un ingénieur en métallurgie partant à la retraite. Depuis, j’ai suivi de près son évolution, convaincu qu’elle transformerait nos façons de travailler. Ce moment est arrivé.

En 1965, Gordon Moore prédisait que la puissance des puces doublerait tous les deux ans. En 2020, OpenAI montrait que les performances des modèles d’IA croissent avec la taille des données, des modèles et de la puissance de calcul, une progression encore plus rapide, car moins contrainte par la physique du matériel.

L’IA doit être considérée comme une technologie commune, comme la machine à vapeur, l’électricité, le téléphone ou l’internet : elle touche tous les secteurs et provoque de profonds bouleversements. Elle fascine autant qu’elle inquiète.

À l’image des artisans du mouvement luddite, qui au début de la première révolution industrielle au XIXe siècle, ont résisté à la mécanisation brutale de leur savoir-faire, nous faisons aujourd’hui face à une nouvelle rupture technologique qui ébranle les fondements mêmes des emplois du savoir.

Je suis d’avis que plusieurs emplois intellectuels connaîtront un recul notable d’ici 2030. Contrairement aux quatre révolutions industrielles précédentes, celle qui s’amorce avec l’IA ne favorisera pas l’essor des emplois du savoir, mais remettra plutôt en valeur les emplois manuels plus difficiles à automatiser, comme ceux liés à la construction ou aux soins à la personne. Plusieurs emplois intellectuels, notamment dans les services professionnels, peuvent déjà être considérés comme des emplois « zombies » : encore bien présents, mais voués à un déclin rapide.

L’avenir appartiendra à celles et ceux qui savent bâtir, réparer, cultiver, prendre soin, bref, à celles et ceux qui manient le marteau plutôt que le clavier. Ce ne sera pas mon cas : j’ai toujours dit, à la blague, que j’avais dix pouces. À 62 ans, je me considère chanceux d’avoir pu faire carrière à une époque où les savoirs intellectuels étaient au cœur de la valeur ajoutée humaine.

Aujourd’hui, une part croissante des savoirs est transférée aux machines. Pour une grande partie des générations Y, Z et Alpha, il faudra miser sur des compétences manuelles, relationnelles et numériques. Les longues études ne seront plus un gage assuré de réussite professionnelle, et les cégeps comme les universités devront repenser en profondeur leur rôle et leurs approches pour rester pertinents dans un monde en transformation.

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Jean-Pierre

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