Depuis janvier 2025, j’ai échangé avec des centaines de dirigeant·e·s d’entreprises et d’acteur·trice·s économiques du Québec. Une impression revient sans cesse : une forme de fragilité face à un climat d’incertitude généralisée.
L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis a ravivé l’instabilité, et plusieurs secteurs de l’économie québécoise ressentent déjà un ralentissement depuis le printemps 2024. Résultat : de nombreuses entreprises ainsi que des organisations publiques et parapubliques adoptent une posture attentiste. On gèle les embauches, on reporte les projets, on suspend les investissements. On attend de voir si Trump imposera ou non de nouveaux tarifs douaniers. On attend de voir si la croissance reprendra.
Attendre, c’est humain. Mais c’est aussi dangereux. Dangereux, parce que cela revient à confier l’avenir de son entreprise aux décisions d’un président dont l’état de santé mentale a été publiquement mis en doute… par sa propre sœur, juge fédérale à la retraite. Et surtout, parce que peu importe les choix de Trump, cela ne changera rien à la position structurelle des États-Unis, du Canada et de la Chine dans le grand cycle économique mondial.
Des penseurs comme l’historien britannique Arnold Toynbee ou l’investisseur et milliardaire américain Ray Dalio nous rappellent que les empires suivent des cycles de croissance et de déclin. Selon leurs théories, les États-Unis — et, par ricochet, le G7 dont fait partie le Canada — seraient entrés dans une phase de déclin amorcée dès les chocs pétroliers de 1973 et 1979. Ce déclin ne se limite pas à l’économie. Il est aussi social, environnemental et politique. Et les incertitudes qu’il génère ne sont pas passagères : elles continueront de s’amplifier au fil des prochaines décennies.
En chinois, le mot crise — Wēijī — réunit deux idéogrammes : danger et opportunité. Encore faut-il avoir le courage de voir dans l’instabilité une chance de faire autrement. Ce que j’observe actuellement, ce sont deux postures. D’un côté, réduire la voile et attendre que ça passe, comme le fait la grande majorité. De l’autre, ajuster le cap, explorer de nouveaux modèles d’affaires et ouvrir de nouvelles trajectoires — une posture propre aux véritables leaders.
Qu’est-ce qui vous empêche, en ce moment, de prendre des décisions importantes pour l’avenir de votre entreprise ou organisation?
(Lien vers la vidéo de Ray Dalio : https://youtu.be/xguam0TKMw8?si=PuXB8GVkyLqjPNra .)
