Les barrières s’érigent. Les menaces pleuvent. Les tarifs douaniers s’imposent.

Ce que plusieurs perçoivent comme une forme d’irrationalité dans l’attitude des États-Unis envers le Canada révèle en réalité une logique brutale, cynique et implacable. Une logique qui se moque des traités, des valeurs communes et des règles du jeu. Ce qui compte, c’est la puissance et la défense des intérêts immédiats.

Dans cet univers dicté par la realpolitik, la coopération devient un outil temporaire. La morale un luxe. Et la loyauté une illusion que l’on abandonne dès que l’empire tremble.

Et l’empire tremble. Les États-Unis réagissent aujourd’hui comme toutes les grandes puissances en déclin. Leur économie vacille, leur dette explose, leurs institutions s’effritent, leur influence s’érode. Leur réflexe n’est pas le dialogue, mais l’affrontement.

Le Québec et le Canada se retrouvent au cœur d’une cisaille géopolitique. D’un côté, une Chine en pleine ascension. De l’autre, des États-Unis qui durcissent le ton. Et au milieu, des entreprises québécoises qui peinent à suivre. Notre productivité est en retard de 40 pour cent par rapport à celle de nos voisins du Sud. Nos chaînes d’approvisionnement s’effritent. Nos coûts augmentent. Nos marges se compressent.

Dans un contexte marqué par l’instabilité et la confrontation, qui ne disparaîtra pas malgré un accord commercial puisque Trump restera fidèle à lui-même jusqu’à la fin de son mandat, deux stratégies complémentaires méritent d’être envisagées. La première repose sur la robustesse. Elle se manifeste comme un chêne solide, capable de traverser les tempêtes et de durer dans le temps, mais qui peut finir par céder sous la force d’une tornade. La seconde repose sur la résilience. Elle ne se limite pas à l’image du roseau, souple mais fragile, qui plie sans casser pour revenir à sa forme initiale. La résilience, c’est la capacité à se transformer après avoir cédé. C’est la graine du chêne qui, une fois tombée, permet à un nouvel arbre de croître, mieux adapté à son époque.

Le moment est venu pour les chef·fe·s d’entreprise, les élu·e·s et les acteur·trice·s économiques du Québec de changer de cap. Il ne suffit plus d’espérer que la tempête passe. Il faut revoir nos modèles d’affaires et de développement économique, transformer nos façons de penser, intégrer la capacité à rester debout sans se briser et à se relever autrement après une chute.

Il ne s’agit pas d’un message alarmiste, mais d’un appel à agir avec lucidité. Celles et ceux qui ignorent les rapports de force finissent tôt ou tard par les subir. Celles et ceux qui les comprennent peuvent tracer leur propre trajectoire et, comme en aïkido que j’ai pratiqué pendant plusieurs années, canaliser l’énergie adverse pour en faire un mouvement constructif.

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Jean-Pierre

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