Des centaines de millions de dollars investis dans des projets comme Lion, Taiga, Northvolt, SAAQclic ou Recyclage Carbone Varennes… pour quels résultats?
Ces initiatives relèvent d’un technosolutionnisme naïf : la croyance simpliste que des technologies, surtout lorsqu’elles sont récentes et médiatisées, suffiraient à relancer la croissance économique et à résorber les déficits publics. Résultat : des centaines de millions en fonds publics perdus, autant de ressources qui ne peuvent plus être investies dans des besoins essentiels, comme la reconstruction de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.
Il est temps de changer de cadre d’analyse. Intégrer la prospective et une lecture systémique des projets n’est plus une option : c’est une nécessité. Pour bien orienter les choix d’investissement, il est essentiel de comprendre la dynamique entre performance, robustesse et résilience, trois concepts situés aux extrémités et au cœur d’un même axe stratégique.
À une extrémité, la performance vise l’optimisation maximale… mais elle repose sur un contexte stable, une réalité qui n’est plus la nôtre depuis le début de la présente décennie. C’est pourtant cette extrémité que privilégie le gouvernement actuel, fidèle à une logique technosolutionniste. À l’autre extrémité, la robustesse vise à encaisser les chocs et à préserver l’essentiel, une approche devenue incontournable à mesure que les crises se multiplient et que l’incertitude s’accentue, notamment avec Trump 2.0.
La résilience, c’est un curseur intelligent entre performance et robustesse. Elle permet de répondre au dilemme de notre époque : concilier la fin du mois, comme une décote de la cote de crédit du gouvernement, et la fin du monde, qu’il s’agisse des changements climatiques ou du vieillissement de nos infrastructures publiques, comme l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont ou une large part de notre réseau routier. Pourquoi penser à un troisième lien si nous n’avons même pas les moyens d’entretenir ce qui existe déjà ?
Et non, la résilience ne nécessite pas de technologies miracles : les solutions sont connues et elles existent depuis les années 1970. Il est temps de s’en inspirer.