Depuis le printemps, j’ai partagé une douzaine d’articles sur les bouleversements profonds qui traversent notre économie. En toile de fond, une conviction s’impose : nous assistons à la fin d’une époque. Ce ne sont pas des indicateurs comme le PIB, la dette, l’inflation ou la productivité qui nous le disent. C’est plus viscéral. On le sent. Quelque chose ne fonctionne plus comme avant. Et dans le brouillard, un nouveau monde tente d’émerger.
Le progrès technologique, censé nous libérer du travail, est en passe de tenir sa promesse. Après l’automatisation des tâches physiques, l’intelligence artificielle s’attaque au travail intellectuel. D’ici 2030, entre 30 et 50 % des tâches cognitives répétitives pourraient disparaître. Nous serons libéré·e·s du travail, peut-être. Mais pour faire quoi?
Ce que nous traversons n’a rien à voir avec les révolutions industrielles précédentes. Le travail ne se déplace plus simplement d’un secteur à un autre. Il se reconfigure, et une part importante s’évapore.
Le hamster dans la roue continue de courir, mais la roue elle-même a changé de trajectoire. Et pendant que certain·e·s espèrent encore un retour à la normale, d’autres réalisent que leur secteur, leur produit ou leur service glisse doucement vers l’état de zombie économique.
En parallèle, les barrières commerciales se dressent, les tarifs douaniers pleuvent, les empires vacillent. Les États-Unis, locomotive historique du capitalisme occidental, montrent des signes clairs de déclin. Et nous, au Canada, bien que nous ayons amorcé une prise de distance, restons encore trop liés à un empire qui perd le contrôle de son propre récit.
Sur le terrain, ce que je vois me conforte dans une idée : attendre n’est pas une option. Ni pour les PME. Ni pour les grandes entreprises. Ni pour les villes, les MRC ou les organisations sectorielles.
L’époque de la croissance infinie dans un monde fini touche à sa fin. Les modèles d’affaires et de développement économique conçus pour un monde stable ne tiennent plus. Et non, il ne suffit pas d’ajouter un peu d’IA, de robots, de développement durable ou de RSE en surface pour changer d’époque.
Il faut repenser. Décélérer. Renoncer à certaines certitudes. Faire le choix de la robustesse et de la résilience. Non pas comme un réflexe défensif, mais comme une stratégie vivante. La 5e révolution n’est pas technologique. Elle est économique, écologique, sociale. Et surtout existentielle.
Alors je pose cette question, à vous qui portez des entreprises, des communautés, des écosystèmes entiers sur vos épaules : êtes-vous prêt·e à revoir vos fondations, ou attendez-vous que le sol s’effondre sous vos pieds?